lundi 21 mars 2011

Hippocrate l'hypocrite

Il est vrai que, à l’instar des séries hospitalières où les médecins serrent les infirmières dans les sous-sols, les hommes à la blouse sont des héros. Comment oublier le beau George Clooney pratiquant une trachéotomie d’urgence à l’aide d’un stylo Bic ou encore, le non moins beau Docteur Sheperd ouvrant le cerveau d’un patient après quatre scotchs et trois internes en salle de garde. Que de souvenirs ! Que d’exploits ! Je dois l’avouer, à une époque, j’ai eu envie de faire médecine…Pour vous donner une idée, le nombre de filles baisables dans un amphi de médecine est comparable au bilan du tsunami japonais...avec les vagues en moins. Alors apprendre des noms à la con et ouvrir des cadavres est un prix relativement peu cher à payer pour accéder aux anatomies précédemment mentionnées. Même si je dois avouer que le silence des cadavres est parfois appréciable.

Après cette brillante introduction à faire aboyer toute féministe qui se respecte lorsqu'elle n'aura  plus les mains dans la farine, venons-en aux faits.

Comme vous le savez, la Moutarde et moi-même résidons à Salta, une ville où les curés sont à la vérité ce que Christophe Maé est à la soupe pour collégiennes prépubères. Dans cette bourgade bigote du Nord de l’Argentine, il est des sujets qu’il ne fait pas bon aborder et parmi ces derniers, l’avortement. Selon l’article 86 du Code Pénal de la République Argentine, l’I.V.G est interdite à l’exception faite des cas suivants :
  •  Si la vie de la mère est en danger.
  •  Si la grossesse est le fruit d’un abus sur une femme mentalement déficiente.
Malgré cette interdiction, on comptabilise entre 400 000 et 600 000 avortements clandestins pratiqués par an en Argentine. Certains sont pratiqués en secret par des professionnels de la santé et d’autres sont réalisés au fond de garages sombres par des personnes possédant autant de connaissances en gynécologie qu’un camionneur danois. Bien évidemment, il est inutile de préciser que dans de telles circonstances, la première cause de mort maternelle est directement liée aux complications suivent une interruption clandestine de grossesse. Et les exemples sinistres ne manquent pas à l’appel…

Il y a quelques semaines de cela, une jeune fille de 25 ans a été internée d’urgence après avoir subi une I.V.G. dans le cabinet d’une soi-disant gynécologue. Après enquête, il a été prouvé que la gynéco en question usurpait le titre médical de son mari, gynécologue de profession, mort dix ans auparavant. Aux dernières nouvelles, la jeune fille était encore dans le coma.

Plus récemment, les médecins du flambant Nuevo Hospital Materno Infantil(1) ont refusé de pratiquer un avortement sur une adolescente de 13 ans violée par son beau-père, puisque cette dernière ne répondait pas aux critères d’exception de l’article 86 du Code Pénal. On ne peut pas blâmer les médecins, ils ne font que respecter la loi et font honneur au serment d’Hippocrate original qui interdit les pratiques abortives. Des héros vous dis-je ! Cependant, dans le cas de cette adolescente, l’interruption volontaire de grossesse a été ordonnée par la justice…

Mais rien n’y fait. Les idiots en blouse campent sur leurs positions et avec ce refus, ils offrent deux solutions à cette gamine : donner naissance à un enfant qu’elle ne pourra jamais regarder dans les yeux, ou finir dans un garage, couchée sur un matelas humide et taché au milieu de tenailles, de pinces et d’alcool bon marché.

                                                  
(1) Hôpital construit en 2001 à l'aide de fonds publics et mis aux enchères par le gouvernement de la province en 2007, fatigué d'offrir les soins aux plus démunis. Depuis cette date, l'hôpital est géré par une société privée se trouvant en Espagne.

3 commentaires:

  1. Euh entre 400 000 et 600 000 cas par an ça fait beaucoup quand même... En France c'est un peu plus de 200 000 par an. Sachant que l'Argentine ne compte que 40 millions d'habitants ça fait grosso merdo une naissance pour un avortement!(j'ai pas trouvé le nombre de naissances par an en Argentine).
    Il faudrait citer vos sources cher Rouge!!!
    Par la même tu pourrais rendre à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu et à l'UMP ce qui lui revient de droit:
    "La femme à la cuisine les mains dans la farine" c'est d'Enrico Maccias!
    N'empêche qu'avec le dit article 86, Emile Louis n'en aurait pas mené large...

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  2. Les chiffres sont corrects...je te passe le lien...c'est en espagnol mais je sais bien que tu maîtrises la langue de Pepito...
    http://es.wikipedia.org/wiki/Aborto_en_Argentina
    Pour ce qui est d'Enrico, j'espérais que quelqu'un me le fasse noter mais je crois que personne ne possède aussi vaste que la tienne !

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  3. Ah ben c'est du propre d'utiliser wikipedia comme source d'infos...
    Pour ce qui est de ma culture Enrico Macciesque je dirai que je suis comme Francis Lalanne et que je donne tout pour pas choper de palu... Et quand on donne donne donne, Dieu le rend!

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