jeudi 15 mai 2014

Gabriel Moruzil, génie kinésique

Signe extérieur, cygne extérieur
Signer, se signer, consigner

                    Con signé
/// _  ///

                                       Sirop, six rots
Orange amère, adorno
      Bois, métal, animal
  Fuite triviale...poursuite
                                            Orage*

   --- SiLeNcE ---

Haut, eau, Ô

                   Meutre au premier farenheit
  Deuil, orgueil, chevreuil


               SEUL :

jeudi 8 mai 2014

Pepe

Un article publié il y a quelques mois dans Le Courrier... A la découverte de Pepe Mujica, le président qui gère l'Uruguay en charentaises...

http://www.lecourrier.ch/114875/l_uruguay_nouveau_modele_latino_americain

Quand la police joue avec la démocratie...

En Argentine, les célébrations pour le trentième anniversaire du retour de la démocratie ont été éclipsées par les protestations des forces de l’ordre qui ont entraîné des vagues de violence et de pillages dans tout le pays. Quelques jours avant les fêtes de fin d’année, les fantômes de décembre 2001 planent au-dessus d’une société divisée.

Maudit mois de décembre
C’était il y a douze ans. Plongée dans une crise économique sans pareil provoquée par les politiques ultralibérales pratiquées dans les années 90 par le président Menem, l’Argentine se soulevait contre le nouveau gouvernement incapable de redresser l’économie du pays. Des journées de violence, de pillages et de manifestations poussent le président en place, Fernando de la Rúa, à déclarer l’état de siège avant de se voir obligé à quitter le palais présidentiel en hélicoptère. Des images gravées dans la mémoire de tous les argentins mais qui semblaient bien loin aujourd’hui.

Malgré les politiques de relance du couple Kirchner et une santé économique de façade, l’Argentine connaît une inflation galopante (entre 5 et 11% par an selon l’Institut National de Statistiques et de Recensements alors que des cabinets privés donnent des chiffres allant de 25 à 30%). Dans un tel climat, les organisations syndicales n’ont de cesse de réclamer de meilleures conditions salariales adaptées à l’augmentation du niveau de vie : professeurs, médecins, fonctionnaires, employés du privé, etc. Mais lorsque les forces de police décident de lutter pour un salaire digne (alors que la loi leur interdit formellement de se syndicaliser et de manifester) en se retranchant dans les commissariats, les rues deviennent des zones de non-droit et le théâtre de pillages et de violences.

Portes ouvertes aux délinquants
Une fois n’est pas coutume, tout a commencé à Córdoba, deuxième plus grande ville du pays et foyer historique de résistance sociale. Le 3 décembre, quelques 4000 membres de la police de la ville se retranchent dans la Préfecture de Police avec leurs familles afin d’exiger une augmentation de leur salaire de base de 3000 pesos (380 euros) à 13000 pesos (environ 1600 euros). Ils sont bientôt rejoints par des membres de l’administration pénitentiaire et d’autres policiers de l’intérieur de la province. A l’annonce de cette mesure de force, des bandes organisées commencent à sillonner les zones commerciales et se ruent sur les supermarchés et les commerces pour voler tout ce qu’ils peuvent emporter avec eux. Certains propriétaires de magasins sortent des armes à feu pour se défendre, les pilleurs répondent et le chaos total s’empare de la ville.

Après presque deux jours de conflits, le gouverneur de Córdoba, José Manuel de la Sota décide d’offrir un salaire de base de 8500 pesos (environ 1000 euros) aux membres de la police de la province. L’accord est rapidement signé et le calme revient progressivement. Mais le prix est cher à payer pour la ville : plus de 1000 commerces pillés, mis à sac ou brûlés, 300 millions de pesos (40 millions d’euros) de pertes et 2 morts.

Effet boule de neige
Voyant que leurs collègues de Córdoba ont eu gain de cause en employant la « manière forte », les membres des forces de l’ordre des provinces voisines décident de suivre leur exemple et se retranchent dans les commissariats et les Préfectures de police pour exiger un meilleur salaire. En quelques jours, c’est bientôt la majorité des provinces du pays qui voient leurs rues laissées à la merci des pilleurs et des opportunistes : Buenos Aires, La Plata, Mar del Plata, Chubut, Salta, Jujuy, Tucumán, Chaco, La Pampa et même Ushuaia. Partout les mêmes scènes et les mêmes images se répètent : des commerçants totalement écroulés se disant prêts à prendre les armes pour protéger ce qui n’a pas encore été pillé, des citoyens qui accusent la police de prendre le peuple en otage et de fermer les yeux, des manifestations pour dénoncer l’insécurité.

Certaines provinces proposent rapidement une augmentation à leurs policiers pour ne pas vivre ce qu’a vécu Córdoba, d’autres se voient obligées à faire appel à la  gendarmerie nationale pour remplacer les grévistes et maintenir l’ordre public et d’autres encore vivent un véritable cauchemar, comme Tucumán par exemple. La capitale de la province du même nom connaît le même sort que le reste du pays mais avec un degré de violence bien plus important. Ici, ce ne sont pas uniquement les commerces qui sont attaqués, les maisons des particuliers, les écoles, les centres de santé, rien n’échappe aux pilleurs. Le comble, lorsque les policiers grévistes reprennent du service après avoir accepté l’augmentation offerte, ils ont réprimé de telle façon les 15000 manifestants venus exiger des solutions concrètes pour leur sécurité et répudier la corruption des forces de l’ordre, que la gendarmerie nationale a du s’interposer entre les manifestants et la police. Selon plusieurs journaux locaux, le nombre de morts liés à la vague de violence dans la province pourrait atteindre les 40, chiffre huit fois plus élevé que ce qui a été reconnu par les autorités.

Le gouvernement crie au complot... et danse
La réaction du gouvernement de Cristina Kirchner ne s’est pas fait attendre. L’ex-gouverneur de la province de Chaco (l’une des plus touchées par les violences) et flambant chef de cabinet s’est tout de suite décanté pour la théorie du complot en affirmant que les pillages avaient été orchestrés et organisés dans le but de créer le chaos au sein de la société et de discréditer le gouvernement. La présidente de la République a elle-même réagi via Twitter en accusant l’opposition de vouloir déstabiliser le  gouvernement en créant un climat d’insécurité. En ce qui concerne les mesures de force des policiers pour obtenir de meilleures conditions salariales, elle les a taxées « d’extorsion » et est allée plus loin en affirmant que « la police ne peut pas organiser la délinquance en installant la peur et la terreur ».

Malgré les violences un peu partout dans le pays et un chiffre officiel de 10 morts depuis le début des évènements, le gouvernement a refusé d’annuler les festivités prévues pour le trentième anniversaire du retour de la démocratie. La présidente de la République est apparue souriante et s’est même permis quelques pas de danse sur la scène montée sur la Place de Mai. Cette attitude a été considérée par de nombreux argentins comme un manque de respect pour les personnes décédées durant la vague de violences et l’image de Cristina Kirchner a souffert les conséquences de cette légèreté : selon des chiffres publiés par Management & Fit, son taux d’opinions positives est passé de 43% en novembre à 28% en décembre.

Et maintenant ?
Une semaine après la fin du conflit avec les membres des forces de l’ordre, l’heure est au bilan. Les chiffres officiels parlent de plus de 2000 commerces pillés, 750 millions de pesos de pertes (environ 95 millions d’euros) et 16 morts. Au-delà de ces chiffres qui rappellent aux argentins l’une des pires périodes de leur histoire, ces vagues de violences ont augmenté la fracture sociale entre les classes les plus défavorisées et la classe moyenne. Les commerçants victimes des pillages ont tous le même discours. Ils accusent les personnes responsables de ces actes d’être des « negros de mierda » (noirs de merde) et répètent que la faim n’a rien à voir là-dedans puisque les objets les plus prisés par les voleurs ont été les écrans plats et les boissons alcoolisées.   

Autre secteur montré du doigt par les responsables politiques de tous bords et de nombreux argentins, la police. Souvent en première page des journaux pour des affaires de corruption ou de participation aux réseaux de trafic de drogues et de personnes, les policiers argentins se sont mis à dos une grande partie de la société qui les rend responsables des pillages et des violences. De plus, les accords signés par les différentes provinces vont impliquer une augmentation des impôts afin de pouvoir financer les nouveaux salaires de base des forces de l’ordre.


Pour de nombreux analystes politiques, ces violences ont mis en avant les failles d’un gouvernement hermétique et la fragilité de la démocratie. De nouveaux saccages sont craints pour les fêtes de fin l’année et les syndicats de professeurs et des employés de la fonction publique ont déjà annoncé des mobilisations pour la rentrée de février 2014 afin d’obtenir les mêmes accords salariaux que les membres de la police. Alors qu’elle connaît un des taux d’opinions favorables les plus faibles depuis son élection à la présidence de la République en 2007, l’été s’annonce sous haute tension pour Cristina Kirchner et son gouvernement. Les plus pessimistes se demandent déjà ce qui pourrait se passer si les militaires suivaient l’exemple des policiers...

mercredi 28 septembre 2011

vendredi 29 avril 2011

Droit à la différence

Voici la traduction de deux articles publiés dans Salta21.


ÉDUCATION, DÉMOCRATIE ET VALEURS

   La province de Salta se distingue des autres provinces d’Argentine par la richesse de ses paysages, la force de ses traditions mais aussi pour être la seule province du pays qui oblige les élèves des écoles primaires publiques à suivre l’enseignement religieux. Et cela durant les heures de classe.

La Loi d’Education de la Province N°7546-08 affirme dans l’Article 8 que "les parents ou les tuteurs ont le droit que leurs enfants ou leurs pupilles reçoivent à l’école publique l’enseignement religieux en accord avec leurs convictions". Par "convictions", il faut comprendre religion catholique. Les cas de discrimination sont nombreux et les plaintes de parents quant à la partialité de cette loi augmentent de jour en jour.

Un cas similaire à beaucoup d’autres a eu lieu à l’école Joaquín Castellanos de Villa Las Rosas. Après avoir pris connaissance de la note qui demandait si les parents désiraient oui ou non que leurs enfants assistent à la classe de religion, la mère d’un élève est allée demander à l’enseignante de cette matière quelle était l'option dans le cas où son fils n’assiste pas à la classe susmentionnée. Surprise, l’enseignante n’a pas su lui donner une réponse car, selon ses propos, "(elle) ne s’était jamais imaginée ce problème puisque (elle) n’enseigne pas le christianisme mais les valeurs de la Bible".

Afin de trouver une solution, cette femme est allée parler avec la vice-directrice de l’école pour lui présenter la situation. Aussi surprise que l’enseignante de religion, elle lui a répondu que durant cette heure on enseignait des valeurs et que des enfants "d’une confession différente de la nôtre" assistaient à cette classe. Bien évidemment, on ne peut pas vivre sans religion ou sans prier un quelconque dieu. Elle a relevé également l’importance de participer à cette classe pour que les enfants puissent choisir eux-mêmes le culte qu’ils allaient professer. Et comme cette matière se charge uniquement d’enseigner le culte catholique, le choix devrait être plus facile.

A la fin de cette rencontre, la solution proposée à cette mère de la part de l’institution scolaire fut la suivante : que quelqu’un vienne surveiller son fils dans la cour pendant l’heure de religion. Comme elle n’avait pas le choix, elle est allée à l’école pour accompagner son fils dans la cour pendant que ses petits camarades répétaient comme des automates "Créateur, Créateur...". Au-delà d’être une solution honteuse, elle stigmatise et discrimine les gens différents. Elle génère un classement entre ceux qui croient et les autres.

La prof de religion, vexée par la décision de cette mère, lui dit que son fils n’allait pas être noté et que la seule manière d’obtenir une note était qu’il assiste à la classe. Face à la conception démocratique de l’enseignante, cette femme a décidé de poursuivre sa lutte et de rendre publique le cas de discrimination que son fils et elle subissaient.

Si elle a choisi une école publique c’est parce qu’elle a des convictions et qu’elle croit en l’éducation gratuite, publique, laïque et pour tous. Mais dans la province de Salta et à l’école Joaquín Castellanos, cela fait longtemps qu’on a oublié la loi 1420 et les fondements de l’éducation en Argentine. On ne peut pas nier que la Loi d’Education de la Province inclut la religion dans les programmes de l’école primaire. Mais on ne peut pas nier non plus, qu’en imposant l’enseignement d’une seule et unique religion et en pratiquant le chantage pour que enfants assistent à cette classe, l’école en question et indirectement le Ministère d’Education de la Province violent un principe de base de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (Art.18 : "Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion") ainsi que la Constitution Nationale et de nombreux traités internationaux qu’elle reconnait.

Mais tout cela importe peu pour cette école. Elle est à Salta, elle respecte et elle applique ce que dit la Province. Et on ne peut pas punir une école pour respecter autant la Loi d’Education jusqu’à la transformer en un nouveau livre sacré. Un livre sacré qui, entre l’autel du Ministère et les portes de l’école, a du s'alléger de la partie sur l’éducation sexuelle et les langues vivantes...


ÉDUCATION, DÉMOCRATIE ET VALEURS (ÉPILOGUE)

   L’article précédent, publié par Salta21 le vendredi 15 avril, a fait du bruit et est arrivé jusqu’aux hauts fonctionnaires du Ministère d’Education de la Province qui ont décidé d’organiser une réunion avec la maman en conflit avec l’école Joaquín Castellanos pour l’enseignement religieux.

La réunion a eu lieu le mardi 19 avril dans le bureau de la Directrice de l’école, en présence de la maman, de l’enseignante de religion, de la Directrice et de deux superviseuses de religion du Ministère d’Education, arrivées quelques minutes après le début de la rencontre.

A cause d’un manque de communication et un malentendu entre le personnel administratif de l’école, la Directrice n'a été informée de cette affaire seulement un jour avant la réunion avec la maman mais s’est montrée tout aussi disposée à arranger les choses avec bonne volonté.

En plus du texte original publié par Salta21, les superviseuses sont arrivées avec un article du journal El Intransigente. Dans ce dernier, non signé, on pouvait lire que FM Noticias (au courant des faits depuis le début) avait réalisé une interview de la Directrice de l’école. Faits totalement inventés et faux qui avaient pour but de salir le combat de cette mère pour ses convictions.

Durant l’heure et demie de réunion, chaque personne présente a présenté sa vision en essayant toujours de trouver une solution convenable en se focalisant sur le bienêtre du petit. La tension des premières minutes s’est évanouie pour laisser place à une discussion constructive et cordiale durant laquelle les opinions de toutes les parties ont été respectées et écoutées.

La solution offerte par les superviseuses, et qui consistait à ce que le petit reste avec la maîtresse durant l’heure de religion pour améliorer ses points faibles, a été acceptée par la maman ainsi que la Directrice et l’enseignante de religion.

Le bout du tunnel commençait à être en vue pour cette mère et son fils. Ils ont obtenu ce que l’on peut considérer comme une "victoire" sur des années de respect aveugle à la tradition toute-puissante de l’Eglise à Salta. C’est un pas important pour l’évolution de la société et des mentalités mais ils restent beaucoup de batailles à livrer pour que soit respectée la liberté de conscience de tous les habitants de Salta.

(Suivent les remerciements de l’auteur et de la maman pour les personnes qui ont permis de résoudre ce cas ainsi que les félicitations de la Directrice du journal pour la qualité du travail du compagnon journaliste.)

jeudi 21 avril 2011

Une Marseillaise en soutane

L’enseignement du français dans la belle ville de Salta est une tâche qui revient à l’Alliance Française, même si cette dernière préfère investir dans des partenariats commerciaux avec Carrefour que dans la régularisation de ses professeurs.

Cette institution, présente dans plus de 130 pays, a pour objectif de diffuser et de promouvoir la culture et la langue française. Sa fondation remonte à l’année 1883 lorsque Paul Cambon, alors chef de cabinet de Jules Ferry, décide, avec l’aide d’un comité composé de personnalités telles que Ferdinand de Lesseps, Louis Pasteur ou encore Jules Verne, de favoriser l’emprise de la culture française dans l’empire colonial naissant.

Lors de mon arrivée dans cette ville, après m’être restauré pour une somme modique et m’être envoyé une bière locale, je me suis rendu à l’Alliance Française afin de me présenter. Je me suis tout de suite bien entendu avec la secrétaire et je me suis vite rapproché de l’institution afin de donner un coup de main lors des évènements culturels ou encore des examens. J’ai même été catapulté comme co-présentateur chargé de la musique pour l’émission de l’Alliance sur la Radio Universitaire locale[1]. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes...

Jusqu’au jour où une chose étrange s’est produite lors d’une exposition plastique. Toujours prête à défendre l’éducation secondaire, tant qu’il s’agit de celle payante et religieusement prodiguée, elle a ouvert ses portes aux élèves du Collège de la Divine Miséricorde afin qu’ils puissent exposer leurs travaux. Toujours informelle avec les écoles fréquentées par les gens comme il faut, l’Alliance n’a pas jugé utile de demander plus d’informations sur le contenu des dessins qu’elle allait exposer dans son enceinte. Et cela, même après que la stagiaire[2] chargée des évènements culturels ait alerté la direction sur l’ambigüité du titre de l’exposition, « La défense de la vie ».

Comme on pouvait s’y attendre, les dessins n’étaient pas consacrés à lutter contre la peine de mort, la famine, la guerre, la pollution ou encore le racisme mais bel et bien contre l’avortement. Explicites, directs, ils ne laissaient pas l’ombre d’un doute quant à leur message. Et si le dessin n’était pas clair pour tout le monde, une petite phrase explicative venait en remettre une couche : « Oui à la vie, non à l’avortement » ou encore « En-es tu capable ? » à coté d’un dessin représentant un fœtus et un revolver.

Tout était devenu clair. J’avais enfin compris comment fonctionnait cette institution : un comité directeur composé de vieilles bourgeoises conservatrices, des tarifs réservés aux beaux quartiers, un enseignement ultra classique respectant à lettre le contenu des manuels et basé sur les bonnes manières, un président fanatique de Napoléon et du bon maréchal de Vichy, une mauvaise gestion des fonds, une politique culturelle digne des Bronzés et un goût pour l’événementiel des plus vulgaires.

Dans l’une des provinces les plus conservatrices d’Argentine, l’Alliance Française se fond dans le paysage. Créée par l’élite et pour l’élite, elle défend avec vigueur les valeurs prônées par l’Eglise catholique, celles de la famille et du droit à la vie. Pilier d’une oligarchie bien pensante qui tire sa passion de la langue de Molière plus par goût pour les eaux de toilettes que par ses lectures des Lumières, l’Alliance Française de Salta est un reflet de la société féodale dans laquelle règnent sans partage les gros propriétaires terriens et les soutanes.

Avant de conclure, je voudrais préciser que, tout comme Renaud chantait Trois matelots pour « les planqués, les gradés » et non pas pour les braves matelots, ces quelques mots ne sont pas destinés aux profs sous-payés mais bien aux membres de la direction.

                                                                      
[1] Emission de laquelle on m’a  gentiment invité à dégager après des propos sur la politique sociale de Nicolas Sarkozy et sur l’avortement en Argentine...
[2] L’Alliance Française de Salta est friante de stagiaires...ça bosse, ça ne se plaint pas et surtout, ça gagne encore moins qu’un petit Cambodgien qui fait des ballons de foot.

mercredi 6 avril 2011

Froid partial

Comme durant toutes les périodes électorales, les sondages courent les rues et frappent aux portes. Un après midi tranquille mais frais, la sonnette de mon logis a rempli l'air de son doux bruit désagréable. Je dis désagréable car, dans la plupart des cas, il y a quelqu'un au bout du doigt qui a pressé le petit bouton. Je me suis levé sans bruit afin d'aller voir par la fenêtre ce qu'on me voulait. Quelle ne fut pas ma surprise en apercevant une fausse blonde quarantenaire, boudinée dans son jeans trop serré qui laissait entrevoir des années d'huile et de Coca. Pensant qu'elle venait m'offrir les dernières nouveautés en matière de coiffure ou d'esthétique, j'ai décidé de ne pas lui ouvrir la porte. Et puis, par la même, je dois avouer que je prenais plaisir à la voir se les geler dans ses vêtements bon marché. Ne reculant devant rien et poussant l'inopportunité jusqu'aux limites du bon goût, elle décida de s'acharner sur le petit bouton innocent. Ne supportant plus l'image de ma sonnette sous ces doigts qui, j'en suis sûr, tournent plus souvent les pages de Voici que celles des œuvres complètes de Kant, je me décidai enfin à lui ouvrir la porte.

Quelle ne fut pas mon autre surprise quand elle me demanda si j'avais cinq minutes pour répondre à quelques questions. Voulant en terminer le plus rapidement possible et la voir s'en aller loin de ce temple de culture qui me fait office de logis, je commençai à répondre aux susmentionnées questions. Elle ouvrit les hostilités par la politique nationale et la hausse des prix pour mieux enchaîner sur la qualité de vie. Une fois terminée avec la vie politique nationale, nous en sommes venus à la politique de la province. Ne me citant que trois des partis en lice pour les élections de dimanche, elle me demanda quelle image j'avais de Miguel Isa, l'actuel maire de Salta et le Don Diego de la Vega des ménagères de plus de 40 ans. Sans me laisser le temps de penser à une réponse pleine de l'ironie et de la subtilité qui me caractérisent, elle me lança: "Bonne ou très bonne ?". Surpris par autant d'optimisme, je lui demandai où étaient passées les autres possibilités. "C'est que j'ai froid, me répondit-elle sans vergogne".